Plus de 80 % des projets d’IA échouent*. Le chiffre peut se discuter, mais le constat est sans appel : une majorité de projets IA n’atteignent pas leurs objectifs. Les causes sont connues. Beaucoup de projets démarrent sans cadrage sérieux, portés par l’enthousiasme ou des promesses exagérées sur ce que l’IA serait censée accomplir.
Un projet IA n’a pourtant rien d’insurmontable. Sur le fond, il ne diffère pas tant d’un projet data ou digital classique. Il repose sur les mêmes fondamentaux mais avec des spécificités qu’il faut savoir anticiper, notamment la dépendance à la qualité des données, les contraintes éthiques et réglementaires, sans parler de la vitesse d’évolution technologique qui imposent une approche plus progressive et itérative.
Ce qui fait la réussite d’un projet IA, ce n’est pas le niveau de sophistication technique, mais la méthode : clarifier les cas d’usage, évaluer le socle data, prototyper, itérer, passer à l’échelle.
C’est cette logique que nous allons détailler dans cet article : comprendre ce qui fait la spécificité d’un projet IA, distinguer les grandes familles de cas d’usage, poser les étapes clés du cadrage et identifier les conditions concrètes de réussite.
Sommaire
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Envie d'échanger sur le sujet ?Qu’est-ce qu’un projet IA ?
Une définition simple et pragmatique
Un projet IA est un projet à la fois technologique et organisationnel qui consiste à intégrer des capacités d’intelligence artificielle dans vos processus et outils pour améliorer vos performances et créer de la valeur business.
Dans « projet IA », « projet » compte autant que « IA ». La technologie n’est pas la fin en soi, c’est un moyen. Ce qui compte, c’est le but, c’est-à-dire des objectifs explicites qui se déclinent en cas d’usage concrets, par exemple mieux prioriser vos leads, accélérer un traitement de tickets, réduire des délais de préparation, fiabiliser une prévision de ventes, etc. Les cas d’usage sont très nombreux et la réussite d’un projet IA tient d’abord à votre capacité à les identifier et à les prioriser.
Ce que l’IA sait faire aujourd’hui
Pour cadrer un projet IA, il faut être au clair sur les capacités actuelles de l’intelligence artificielle et ses évolutions prévisibles à moyen-terme. Vous savez aussi bien que nous que les capacités de l’IA ont beaucoup progressé ces dernières années, mais elles restent regroupées autour de familles d’usages bien identifiées.
Famille d’IA | Niveau de maturité | Présentation |
---|---|---|
Modèles prédictifs | Matures | Ils anticipent un résultat : probabilité de churn, volume de ventes, risque de défaut bancaire. Ces cas d’usage sont stables, éprouvés et déjà largement industrialisés. |
Modèles classificateurs | Fiables mais dépendants de la qualité des données | Ils servent à trier, prioriser ou détecter. Exemple : router automatiquement des demandes clients, scorer des leads, identifier des anomalies en production. Efficaces, mais sensibles aux biais et aux trous dans vos données. |
Modèles génératifs | Spectaculaires mais encore immatures | Popularisés par ChatGPT ou Midjourney, ils génèrent textes, images, vidéos. Leur potentiel est immense, mais leur fiabilité reste inégale et leur gouvernance plus complexe (biais, hallucinations, explicabilité). |
On réduit souvent l’IA à la génération de contenu, parce que c’est ce qui impressionne le plus. Mais dans la réalité, ce sont les modèles prédictifs et classificateurs qui créent déjà de la valeur au quotidien, dans vos outils métiers comme dans vos parcours clients. Les modèles génératifs ouvrent des perspectives nouvelles, à condition de les intégrer avec prudence et méthode.
L’IA n’est pas magique : comprendre ses limites
L’IA impressionne par ses capacités, mais elle ne règle pas tout.
Voici plusieurs rappels utiles à ce sujet :
- Un projet IA commence avant tout par les données. Sans données de qualité, suffisantes et bien structurées, même le modèle le plus avancé restera inefficace. C’est en ce sens aussi qu’un projet IA est d’abord un projet data.
- L’IA ne compense pas les carences organisationnelles ou stratégiques. Si vos objectifs métiers sont flous, si vos processus ne sont pas alignés ou si vos équipes ne collaborent pas efficacement, l’IA ne fera qu’amplifier vos fragilités. C’est pour cette raison que le cadrage métier doit donc être rigoureux.
- Un projet IA suppose un pilotage humain. Les algorithmes n’apportent de valeur que s’ils sont bien intégrés et compris par vos équipes. Cela implique de former, d’accompagner et de rassurer les collaborateurs qui utiliseront ces outils au quotidien. L’adoption est autant une question RH et de conduite du changement qu’une question technologique.
- Il existe des limites éthiques et réglementaires à l’utilisation de l’IA. La protection des données personnelles (fortement encadrée en Europe, via le RGPD), les biais algorithmiques, le défaut d’explicabilité des décisions automatisées sont des sujets loins d’être secondaires dans la conception d’un Projet IA. Ils peuvent freiner, voire bloquer certains projets s’ils ne sont pas bien anticipés et intégrés à la réflexion dès le départ.
Les 3 grandes familles de Projets IA
On parle souvent de « projets IA » comme s’il s’agissait d’une catégorie homogène alors qu’en réalité le terme recouvre des réalités très différentes, tant par la nature des solutions impliquées que par l’ampleur des chantiers. Quoi de commun entre le déploiement rapide d’un outil SaaS comme Fireflies pour transcrire vos réunions et le développement d’un modèle prédictif sur mesure capable d’optimiser des centaines de milliers de transactions ?
Il faut en fait distinguer 3 grandes familles de projets IA.
Les projets IA « bureautiques »
Ce sont les projets les plus accessibles et les plus rapides à mettre en œuvre. Ils consistent à équiper vos collaborateurs avec des outils SaaS intégrant des fonctionnalités d’IA pour les aider dans leurs tâches quotidiennes. L’objectif de ces projets est de gagner en efficacité individuelle et d’automatiser certaines opérations chronophages.
Parmi les cas d’usage typiques, on retrouve :
- La transcription et le résumé automatique de réunions, via des outils comme Fireflies ou Otter.ai, qui libèrent vos équipes de la prise de notes manuelle et permettent de partager facilement un compte rendu.
- La génération ou la reformulation de contenus courts (emails commerciaux, posts réseaux sociaux, scripts de prospection), qui permet de gagner du temps sur la rédaction.
- L’analyse de feedbacks ou de verbatims clients, pour détecter des signaux faibles, des tendances, des irritants récurrents…
- L’assistance au support, via des outils capables de suggérer automatiquement une réponse à un ticket ou d’extraire l’information pertinente d’une base documentaire.
Ces projets ont plusieurs atouts : un investissement initial assez limité, une adoption rapide par les équipes et un ROI facilement mesurable, souvent en quelques semaines.
Mais ces projets IA « minimalistes » ont leurs limites. La première est qu’ils reposent sur des solutions externes dont vous ne maîtrisez ni les modèles, ni l’évolution. D’autre part, les bénéfices sont surtout localisés au niveau individuel ou d’une équipe et rarement structurants pour l’ensemble de l’organisation. Enfin, ils ne remplacent pas une réflexion de fond sur vos processus ou votre socle data.
Au-delà de ces limites, ces projets « bureautiques » ont un rôle précieux, celui d’acculturer vos équipes à l’IA, de démontrer rapidement de la valeur et de préparer le terrain pour des projets plus ambitieux. Et de fait ils constituent souvent une première marche vers une stratégie IA plus globale.
Les projets IA « embarqués »
Ces projets se situent à un niveau intermédiaire entre les usages « bureautiques » et les projets sur-mesure. Ils consistent, pour faire simple, à activer ou déployer des fonctionnalités IA déjà intégrées dans vos logiciels métiers, à « embarquer » l’IA dans les outils que vos équipes utilisent au quotidien, sans nécessiter de développement spécifique : CRM, logiciel de marketing automation, plateformes ecommerce, outils de service client.
Cela consiste par exemple à paramétrer un moteur de recommandation produits basés sur l’IA dans la plateforme ecommerce de l’entreprise ou à exploiter les fonctionnalités d’IA proposée par votre logiciel de service client (chatbot, analyse de sentiment, routage intelligent des tickets…).
Ces projets ont le mérite de capitaliser sur des outils déjà déployés – les vôtres – et de limiter par conséquent sur les besoins d’intégration technique. Leur ROI est souvent plus tangible qu’avec des projets « bureautiques » car ils s’inscrivent dans des workflows déjà structurants pour l’organisation.
Leur principale limite réside dans la dépendance aux roadmaps éditeurs, car vous êtes tributaires des fonctionnalités mises à disposition, de leur maturité et de leur degré de personnalisation. A moins de changer d’outils…mais dans ce cas on entre dans une autre famille de projet…
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Envie d'échanger sur le sujet ?Les projets IA « sur-mesure »
C’est la catégorie la plus ambitieuse et la plus exigeante de projets IA. Un projet IA « sur-mesure » consiste à concevoir, entraîner et déployer un modèle dédié à vos besoins spécifiques. Donc ici, la finalité n’est pas d’activer une fonctionnalité existante mais de construire une solution custom, adaptée à votre contexte métier, à vos données et à vos objectifs.
Quelques exemples :
- Un modèle prédictif de churn entraîné sur vos données clients pour anticiper les départs et déclencher des actions de fidélisation.
- Un moteur de pricing dynamique qui ajuste en temps réel vos prix en fonction de la demande, de la concurrence ou de la saisonnalité.
- Un système de détection de fraude capable d’analyser des centaines de milliers de transactions en continu pour identifier les comportements suspects.
Ces projets peuvent générer un impact business majeur, que ce soit une réduction des coûts, une augmentation des revenus ou une amélioration de la satisfaction client. Ce sont aussi les projets qui permettent le plus de créer un avantage concurrentiel car les modèles développés sont uniques à votre entreprise et difficilement réplicables par vos concurrents.
Ils exigent par contre un socle data solide, des volumes de données significatifs, une gouvernance claire et des compétences avancées en data science et en ingénierie. Ils demandent également une implication forte des équipes métier et un pilotage par étapes (PoC, MVP, industrialisation). Le ROI est souvent élevé mais sur un horizon plus long et à condition que l’organisation sache absorber la transformation.
Les étapes pour cadrer un projet IA
Étape 1 – Cadrer les objectifs et les besoins
La principale erreur consiste à partir de la technologie plutôt que du besoin. C’est pourtant ce que l’on observe souvent : un outil séduisant, une démo impressionnante et un projet qui se lance sans véritable ancrage métier. La bonne approche consiste à faire l’inverse, en commençant par expliciter les irritants opérationnels et les opportunités business, avec en ligne de mire des objectifs clairs et mesurables.
Un bon point de départ consiste à se poser quelques questions simples :
- Où perdons-nous le plus de temps ?
- Quels sont les points où les erreurs se concentrent ?
- Quelles décisions pourraient être mieux informées ?
- Quelles tâches répétitives mobilisent trop de ressources humaines ?
- Quels processus génèrent le plus de frustration pour les clients ou les équipes internes ?
- Où observons-nous les plus grandes variations de performance d’un collaborateur à l’autre ou d’une équipe à l’autre ?
- Quels sont les signaux faibles que nous avons du mal à détecter aujourd’hui (risque de churn, fraude, baisse de satisfaction, opportunité de vente) ?
On vous recommande d’ailleurs de formuler les objectifs sous la forme d’un résultat attendu, en mode OKR, avec une cible et un délai.
Par exemple :
- Réduire de 20 % le temps moyen de traitement d’un ticket en trois mois.
- Augmenter de 10 % le taux de conversion MQL vers SQL au trimestre prochain.
- Améliorer de deux points la satisfaction client sur le canal chat d’ici la fin du semestre.
Un dernier point qui compte beaucoup : l’alignement stratégique. Un cas d’usage peut être séduisant sur le papier, mais s’il ne correspond pas aux priorités globales de l’entreprise, il manquera de sponsors et de soutien. L’art du cadrage consiste donc à articuler les objectifs du projet avec ceux de la direction et des métiers.
Étape 2 – Évaluer la maturité data
On le dit souvent : « garbage in, garbage out ». La performance d’un modèle d’IA dépend directement de la qualité des données sur lesquelles il repose. C’est pourquoi l’une des premières étapes consiste à réaliser un inventaire précis des données disponibles, à identifier leurs responsables et à comprendre comment elles circulent réellement dans l’organisation.
L’analyse de la qualité se fait généralement sur plusieurs dimensions :
- Complétude
- Exactitude
- Fraîcheur
- Unicité
- Accessibilité et conformité réglementaire.
Dans nos missions, ce diagnostic met très vite les fragilités en évidence : champs manquants, doublons à répétition, formats qui ne collent pas, absence de règles de gouvernance. Ce sont autant de cailloux dans la chaussure qui peuvent gripper un projet IA dès le départ.
L’idée n’est pas de viser la perfection avant de bouger, mais d’avoir un socle « suffisamment bon » pour tester sans se planter. Concrètement, on fixe un seuil minimal de qualité, on documente les limites connues et on engage un premier prototype. On avance avec lucidité, tout en gardant une feuille de route claire pour améliorer progressivement le patrimoine data.
Étape 3 – Choisir le bon niveau d’ambition
Il est tentant de viser la grande transformation dès le départ, mais c’est rarement la voie la plus efficace. L’expérience montre qu’un projet calibré sur la maturité réelle de l’organisation et les moyens disponibles avance plus vite et tient mieux dans la durée.
La prudence n’est pas de la frilosité, c’est une manière de poser des bases solides avant d’aller plus loin.
On distingue, on l’a vu, plusieurs niveaux possibles de projets IA, des plus simples aux plus ambitieux. L’enjeu est de choisir, avec lucidité, le niveau qui correspond vraiment à votre contexte. Un projet surdimensionné par rapport à vos données, vos outils ou vos ressources a toutes les chances de se heurter au mur de la réalité.
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Envie d'échanger sur le sujet ?Étape 4 – Construire l’équipe projet
Trop de projets sont encore portés uniquement par une équipe data sans implication réelle des métiers. Le résultat est hélas connu : des modèles qui fonctionnent en laboratoire mais qui peinent à trouver leur place dans le quotidien des utilisateurs.
Une équipe équilibrée réunit plusieurs profils complémentaires.
Il faut :
- Un sponsor qui apporte la légitimité et s’assure que le projet s’inscrit dans la durée.
- Un chef de projet qui coordonne les travaux et arbitre au jour le jour.
- Des profils data, bien sûr, pour développer et entraîner les modèles.
- Des représentants des équipes métiers, pour valider la pertinence des cas d’usage, apporter la connaissance terrain et préparer l’adoption par les utilisateurs.
C’est d’ailleurs un point trop souvent sous-estimé. Les résistances existent et elles sont légitimes (crainte d’être remplacé, méfiance vis-à-vis d’une « boîte noire », peur d’une complexité excessive). Pour lever ces freins, on vous recommande d’impliquer les équipes dès le cadrage, de partager régulièrement les avancées et de montrer en quoi l’IA peut renforcer leur travail plutôt que le menacer.
Un dernier rôle mérite d’être souligné : celui du « traducteur », capable de faire le lien entre la technique et le métier et de maintenir le projet aligné sur les priorités business.
Étape 5 – Définir les KPIs et mettre en place un dispositif de suivi
Un projet IA sans indicateurs, c’est un projet sans pilote. Les entreprises qui réussissent sont celles qui posent dès le départ des KPIs clairs, en lien direct avec leurs objectifs métiers mais aussi avec les performances techniques attendues. Cette étape évite de naviguer à vue et permet de suivre la progression de façon objective, sans tomber dans l’effet “boîte noire”.
On distingue généralement deux familles de métriques :
- Les métriques business : taux de conversion, temps moyen de traitement, coût d’acquisition, satisfaction client, etc. Ce sont elles qui révèlent la valeur réelle créée par le projet.
- Les métriques techniques, qui assurent que la solution tienne la route sur le plan opérationnel (précision d’un modèle, temps de réponse, robustesse face à des cas atypiques…).
Étape 6 – Prototyper et itérer
Les projets IA qui réussissent ne se construisent pas en un seul bloc. Une approche incrémentale donne de bien meilleurs résultats qu’un lancement “big bang”. La pratique la plus efficace consiste à démarrer par un prototype ou un Proof of Concept (PoC) sur un périmètre limité. L’objectif n’est pas de viser la perfection, mais de valider rapidement la faisabilité technique et la valeur métier, sans immobiliser trop de ressources.
Ce travail de test and learn permet de confronter les hypothèses initiales aux données réelles et aux usages du terrain. Il donne aussi l’occasion d’ajuster, voire de pivoter, avant d’aller plus loin. Dans l’univers de l’IA, cette étape est particulièrement sensible car les coûts varient fortement selon les modèles, les prompts ou les volumes d’opérations. Le PoC devient donc un outil précieux pour affiner les projections budgétaires et identifier la meilleure architecture technique.
Par ailleurs, la réussite d’un prototype ne se limite pas à valider une hypothèse : elle tient aussi à la capacité à générer des quick wins. Obtenir un résultat concret, même limité, permet de démontrer rapidement la valeur de l’IA, de maintenir la dynamique et de convaincre les plus sceptiques. Ce sont autant de petites victoires intermédiaires qui renforcent la crédibilité du projet et créent un effet d’entraînement pour la suite.
Enfin, il ne faut pas oublier de documenter les résultats, qu’ils soient positifs ou négatifs. Dans nos missions, nous insistons sur ce point : un PoC qui montre qu’un modèle ne crée pas de valeur est tout aussi utile qu’un succès, car il évite d’engager des ressources dans une mauvaise direction.
Étape 7 : Préparer le passage à l’échelle
Le succès d’un prototype ne garantit pas celui du déploiement en production. Beaucoup d’organisations en font l’expérience : un modèle fonctionne bien dans un cadre expérimental, mais se heurte à la réalité quand il s’agit de l’intégrer dans les systèmes existants et d’en faire un outil du quotidien. Passer à l’échelle exige donc une préparation spécifique.
Cela implique d’abord de sécuriser l’infrastructure et la gouvernance :
- Qui définit les règles métier que le modèle doit intégrer ?
- Qui valide les résultats avant qu’ils soient exploités en production ?
- Comment s’assurer du respect du RGPD, détecter les biais et garantir l’explicabilité des décisions pour les régulateurs ?
Ces questions doivent trouver des réponses claires.
La réussite à l’échelle dépend aussi de l’adoption. Former les utilisateurs, les accompagner dans leurs nouveaux usages, organiser des rituels de suivi : tout cela est indispensable pour que l’IA devienne un outil de confiance et non une contrainte. L’expérience montre que la qualité de l’intégration dans les workflows quotidiens compte autant que la performance technique du modèle.
Enfin, l’industrialisation d’un projet IA ne doit pas être vue comme une fin en soi, mais comme l’ouverture d’un cycle d’amélioration continue. Les performances des modèles évoluent, les coûts de calcul varient, les besoins métiers se transforment. Préparer le passage à l’échelle, c’est donc mettre en place une organisation et des processus capables de faire vivre le projet dans la durée, en ajustant en permanence pour garder de la valeur.
Pour aller plus loin
Quel budget minimal pour un projet IA réussi ?
C’est souvent l’une des premières questions qui surgit quand on envisage un projet IA : combien ça coûte ? Et il est normal de se la poser. Le sujet reste entouré d’une certaine opacité, avec des fourchettes qui vont de quelques milliers d’euros à plusieurs millions pour les projets les plus ambitieux.
La vérité, c’est que tout dépend du type de projet, de l’ambition, de la qualité de votre socle data, mais il existe tout de même des ordres de grandeur qui aident à se repérer.
Avant de parler chiffres, il faut comprendre d’où viennent les coûts. Les 3 grands postes qui concentrent l’essentiel du budget sont :
- Les coûts technologiques : les licences logicielles, les API facturées à l’usage (par exemple pour les modèles génératifs), les services cloud pour l’hébergement des datas et la puissance de calcul, les outils de gestion et de traitement de données. Ces coûts sont souvent variables et peuvent grimper rapidement avec les volumes.
- Les coûts humains : ce sont en général les plus lourds, surtout au début, en phase de déploiement. On parle ici des data scientists, des ingénieurs, des consultants, mais aussi du temps consacré par vos équipes métiers. Certains prestataires facturent en régie (TJM entre 500 et 1 500 € selon le profil), d’autres au forfait pour un PoC et on voit aussi se développer des modèles d’abonnement.
- Les coûts de maintenance et d’évolution : ceux-là sont régulièrement sous-estimés. Un modèle d’IA doit être suivi, réentraîné, documenté. Par ailleurs, les règles métier évoluent, les données changent, les régulateurs imposent de nouvelles contraintes. Tout cela génère des frais récurrents qu’il faut anticiper au mieux.
Voici quelques repères :
Type de projet IA | Budget estimé | Précisions |
---|---|---|
Projets IA « bureautiques » | 5 000 € à 20 000 € | Ces projets consistent, pour rappel, à intégrer des outils SaaS prêts à l’emploi pour automatiser des tâches précises comme la transcription de réunions, la génération de contenus courts ou l’assistance au support. Le coût couvre principalement les abonnements logiciels, le paramétrage initial et un minimum de formation. |
Projets IA « embarqués » | 30 000 € à 150 000 € | Ici, l’IA est activée directement dans les logiciels métiers déjà en place, par exemple dans votre CRM, votre outil de service client ou votre plateforme e-commerce. Le budget inclut les coûts d’intégration et de paramétrage, le travail de mise en qualité des données et l’accompagnement au changement. |
Projets IA « sur-mesure » | 150 000 € à plusieurs millions € | Ces projets reposent sur le développement de modèles IA spécifiques à l’entreprise, entraînés sur ses propres données et intégrés à grande échelle dans les processus. Les budgets prennent en compte le recrutement ou la mobilisation de data scientists, la mise en place d’une infrastructure robuste, l’industrialisation des modèles et la gouvernance indispensable pour gérer les biais, la conformité et l’explicabilité. Ce sont, sans surprise, les projets les plus coûteux mais aussi ceux dont le coût varie le plus (parce qu’on est du sur-mesure, du cas par cas). |
Comment se faire accompagner sur un projet IA ?
Dans les faits, rares sont les organisations qui disposent déjà de toutes les compétences nécessaires pour cadrer, développer et industrialiser un projet IA.
Un accompagnement externe est fortement recommandé et certaines situations le rendent même indispensable :
- Si vous n’avez pas d’équipe data constituée (data scientists, ingénieurs, architectes), vous aurez du mal à passer du concept au concret sans renfort technique.
- Si vos cas d’usage ne sont pas encore clairs, un partenaire peut vous aider à les cartographier et à prioriser ceux qui créent le plus de valeur.
- Si le jargon de l’IA vous semble encore trop opaque, vous avez besoin d’un « traducteur » capable de rendre le sujet compréhensible et actionnable pour vos équipes métiers.
L’accompagnement ne se limite pas à fournir des experts techniques. C’est aussi une façon de sécuriser le projet, de bien anticiper les risques, de clarifier la gouvernance des données, d’intégrer comme il faut les contraintes réglementaires et d’éviter les angles morts qui finissent souvent par coûter cher.
Encore faut-il choisir le bon type de partenaire. L’écosystème est large. On trouve grosso modo trois familles de prestataires :
- Les cabinets de conseil stratégique, qui apportent une vision transverse et une méthodologie structurée. Ils savent réaliser un diagnostic de maturité, construire une feuille de route et s’assurer que les métiers et l’IT avancent dans la même direction.
- Les agences et cabinets techniques, qui travaillent essentiellement sur la mise en œuvre opérationnelle : développement sur mesure, intégration dans les systèmes existants, exploitation des technologies.
- Les freelances experts, qui peuvent être une alternative qui fait sens pour des besoins très ciblés. Leur rapport qualité-prix est intéressant à condition que le périmètre soit bien défini et maîtrisé.
Quel que soit votre choix, les critères les plus structurants sont l’expérience du prestataire, ses références, sa capacité à comprendre votre secteur et à proposer une méthodologie claire. Surtout, votre prestataire doit vous permettre de progresser en autonomie. L’objectif n’est pas de créer une dépendance technique, mais de vous aider à monter en compétence pour ancrer l’IA durablement dans vos pratiques.
C’est exactement ce que nous faisons chez Cartelis.
Cartelis, partenaire de vos projets IA
Chez Cartelis, nous accompagnons depuis plus de 10 ans des entreprises de toutes tailles dans leurs projets data, digitaux et IA. Notre rôle n’est pas de vendre une technologie (nous sommes agnostiques et indépendants) mais de vous aider à cadrer vos objectifs, à bâtir une feuille de route réaliste et à orchestrer vos partenaires techniques. Nous jouons le rôle de “traducteur” entre les métiers et la technique pour garantir que chaque décision serve une finalité business.
Nous sommes par ailleurs reconnus par Bpifrance avec le label IA Booster France 2030, qui permet aux PME et ETI éligibles de bénéficier d’un accompagnement subventionné.
Enfin, nous plaçons l’appropriation au cœur de notre méthode, via des ateliers de cadrage, de la formation, un transfert continu de compétences. Notre but est de vous rendre rapidement autonomes et de transformer vos initiatives IA en vrais leviers de performance durables et alignés sur vos priorités stratégiques.